Dans ce temps de l’Après Covid (ou plutôt de l’Avec Covid), le télétravail est au cœur de l’actualité. De nombreux sondages, notamment Opinionway pour le cabinet de conseil Empreinte Humaine, soulignent l'engouement suscité par l'expérience du travail à domicile : 85 % des salariés qui l’ont vécue souhaitent conserver la possibilité de télétravailler. Les entreprises ont compris qu’elles devaient et avaient intérêt à répondre à cette aspiration.
Au-delà du télétravail, c’est le rapport au travail que nombre d’entre nous ont interrogé à la faveur du confinement, en étant plongés brutalement dans des conditions inédites. Quel sens a mon travail ? Quelle est ma valeur ajoutée ? Quelles sont mes priorités dans la vie ? Quelle place pour le travail au regard de ma famille, de mes amis… ? Pourquoi perdre autant de temps dans les transports ? Pourquoi ne pas déménager « au vert » ou « au bleu » ? Et changer de métier ?…
Ces questionnements renvoient à la nécessité impérieuse et urgente de repenser le travail. Ce qui oblige à s’intéresser, à remettre à plat le travail réel, celui vécu par les professionnels et non le travail prescrit, tel qu’il est prévu, formalisé dans les procédures. Et bien sûr, d’aboutir à des évolutions du travail qui aient du sens, de la valeur ajoutée pour le salarié, qui répondent à ses aspirations.
Cela suppose de ne pas confondre l’essentiel et l’accessoire, le gâteau et la cerise sur le gâteau pour reprendre la métaphore pâtissière du titre de cet article.
L’essentiel (le gâteau), c’est le travail et il est composé de 3 ingrédients principaux
- Le contenu du travail c’est-à-dire les missions, les gestes professionnels, la technicité requise, la variété ou la spécialisation de l’activité, le résultat à produire… ce qui donne la fierté du travail utile et du travail bien fait, de quelque chose qui dépasse la tâche quotidienne, qui la transcende pour laisser une trace, un impact.
- Les relations avec les collègues, le manager, les clients, les partenaires, dans les rapports formels et informels, l’ambiance… ce qui permet de se sentir bien au quotidien et donne le sentiment d’appartenir à un collectif.
- Les conditions de travail, avec la rémunération, les horaires, l’espace de travail, les lieux de détente, de convivialité, l’ergonomie des outils et des postes, la salle de sport, la crèche d’entreprise, les services de conciergerie… qui rendent la vie professionnelle plus ou moins confortable.
Et qu’en est-il de l’accessoire, de la cerise ?
Depuis quelques années, certaines entreprises se sont dotées de Chief Happiness Officer avec l’objectif d’agir sur la satisfaction de leurs collaborateurs, de favoriser leur bonheur. Elles organisent des événements festifs (concours du tee-shirt humoristique, fête d’Halloween), mettent en place des équipements ludiques (baby-foot, console de jeux, toboggans), agrémentent le quotidien de « petites attentions » (distributeur de bonbons, corbeille de fruits)… en ouvrant parfois très largement le champ des possibles !
L’inflation de ces mesures, leur décalage avec la culture de l’entreprise finissent par déclencher la suspicion des collaborateurs qui les qualifient de « gadgets ». Ces entreprises ont multiplié les « cerises sur le gâteau ». Ce qui est d’autant plus contreproductif et préjudiciable à la confiance des collaborateurs dans l’entreprise si aucune action de fond ne porte sur le travail lui-même.
Rappelons-nous la définition de « la cerise sur le gâteau » : le petit détail, l'avantage supplémentaire qui vient parachever le tout. Et non le remplacer.
Dans la période actuelle, potentiellement très fertile en réinvention, attention à la tentation de multiplier les cerises, sans s’occuper du gâteau !